État second
Ibrahim Màtouss | Fakhri El Ghezal
Octobre 2021 I Janvier 2022
La Boîte I Un lieu d’art contemporain
L’exposition s’accompagne d’une monographie éponyme avec un texte de Mohamed Ali Berrhouma.
« Portrait raté de Ibrahim Matouss
En 2016, je découvrais quelques œuvres de Ibrahim Matouss. On me dit qu’il s’agit d’un pseudonyme ; qu’en fait, je connaissais l’identité de celui qui se cachait derrière ce nom. De qui s’agissait-il ? Je scrutais quelques minutes les œuvres en quête d’indices. Sur ces planches de bois écorchées et brûlées, dans ces figures où, brutalement mais précisément, une matière picturale travaille ses lumières et ses matières, tout en participant du corps fibreux d’un support, un geste et un discours de peintre semblent se profiler. Et bientôt, la curiosité de démasquer un visage reculait devant la raison de discerner un masque. Quel peintre est donc Ibrahim Matouss ? Si nous ne pouvons nous figurer le visage de ce corps qui peint, peut-être pourrions-nous, à travers les traits d’une peinture, en dresser le portrait.
Le regard que porte l’artiste sur lui-même est sans doute la voie la meilleure pour aborder la question. Matouss a peint quelques autoportraits. Dans le premier, qu’il réalise au début des années 2010, il se présente en posture de peintre, l’outil à la main. Mais là où l’on attend un pinceau ou une brosse, il y a un chalumeau ; et là où l’on attend un visage ou un regard, il y a un masque de clown désenchanté. Il est en robe de chambre, comme en un dimanche matin. Le bâillement de son habit laisse apparaître son torse nu et sa peau brunie se confond avec la chair brûlée de la planche de bois qui lui sert de support. »
Extrait du texte de Mohamed Ali Berrhouma