Elma Riza
«Suivez la ligne»

Octobre 2018 I Février 2019
La Boîte

Paysage Filaire est un paysage qui émerge des eaux troubles, prend forme peu à peu. Une matrice filigrane, structure d’une cité imaginaire à l’architecture minimale. Quelque chose prend forme, au départ discret et à l’aspect fragile. Entre simplicité et complexité petit à petit la forme prend l’espace, l’habite, le re-dessine. La ligne crée des liens d’un point à un autre ; abstraction et association cohabitent et invitent le spectateur à partager une quête, celle du renouveau, de l’équilibre et du mouvement.

Cette exposition présente l’ensemble des travaux d’Elma Riza sous forme dune exposition photo. À cela s’ajoute l’installation-performance « Paysage Filaire » qui sera à découvrir sur place.

« Réduction et simplicité, compris comme une règle d’esthétique demande dans sa mise en place une concentration et conscience aigües de ce que chaque élément peut représenter. Pour chaque composition, il en va d’extraire l’essentiel. Les choix qui en découlent pour la composition finale ont le pouvoir de modifier notre compréhension et notre perception. Les œuvres  ici présentées portent d’une manière ou d’une autre le principe de simplicité et de réduction et par ailleurs évoquent des associations, quittant la compréhension formelle et la matérialité des structures. Ces travaux jouent avec la possibilité d’éveiller notre imagination. Ils proposent à l’œil à la fois la matière brute sans artifice et l’ouverture vers l’imaginaire. (…) Les travaux d’Elma Riza attendent de nous non seulement une souplesse du regard, mais aussi une souplesse des corps, un éveil des sens. Ses interventions minimales, comme les lignes de scotch, les traces de craies ou des fils tendus presque invisibles, créent de nouvelles perceptions et expériences de l’espace d’exposition. (…)

Extrait traduit de la présentation de l’exposition „ On a clear Day?“ à la Kunsthaus Essen, par Dr. Uwe Schramm

Elma Riza propose un travail qui remet en cause notre perception. Passant de la performance, à l ́installation, au dessin et à la sculpture, elle rend l’invisible visible et donne une temporalité qui va à contre sens de notre quotidien, éveille les sens de celui qui prend le temps de regarder. C’est un espace à la fois poétique et engagé, une recherche atypique, où fusionnent les désirs de créer des images sensibles et abstraites et de les rendre accessibles à chacun. Éphémères pour la plupart, ces travaux invitent les visiteurs dans un espace-temps où l ́artiste et le spectateur se retrouvent à faire une expérience commune, sous forme de compositions instantanées, live et documentées.

  1. R. aborde le thème de la ligne et de ses variations comme iconographie à la fois abstraite et porteuse d’un sens (universel). De nombreux projets ont été fortement inspirés par l’ouvrage „Une brève histoire de ligne“1 de l ́anthropologue Tim Ingold, abordant les notions de trace, de cartographie et de territoire.
  2. R. aborde le thème du corps, d’une part comme élément visuel faisant partie de la composition et en dialogue constant avec les formes et espaces créés. Et d’autre part comme corps fonctionnel réalisant des actions précises pour donner forme à un objet, une composition visuelle dans l’instant.
  3. R. aborde le thème de l’espace et de sa perception en jouant sur les visibles et les invisibles, surlignant des éléments architecturaux existants pour leur donner une autre forme, autonome. Un espace révélé où le visiteur est rendu à son rôle d’observateur.

En 2014, Elma Riza commence sa recherche sur la ligne avec une série d’installations-performances « Between the Lines » où la ligne géométrique et le corps entrent en dialogue, des espaces imaginaires prennent forme, le corps s ́y meut et les modifie. Ce « corps-image » nourrit sa recherche jusqu’en 2016. Elle explora durant ces deux années plusieurs variations d’une même méthode de travail, développant à ses fins des outils pour sa recherche : la réduction de la matière, l’espace I dans ce qu’il a d’imaginaire ou de réel, l’immobilité I pour prolonger l’instant, le mouvement I en résonnance à ses compositions linéaires. Par ailleurs, son travail est inspiré par la phénoménologie, dans cette idée d’inviter le spectateur à une expérience à la fois visuelle et physique.

A partir de 2016, son travail l’amène à développer des installations, dessins et sculptures pour la plupart instantanées et « in situ ». La ligne, cette fois-ci, redessine des espaces réels, les transforme. Le corps s ́efface pour laisser place à ces espaces réinventés ou rendu visibles. Dans l’idée de questionner notre perception, offrir différentes perspectives d’un même espace, elle aborde des thèmes comme celui de la cartographie, de l’énigme mathématique, de l’anamorphose ou encore du signe.

1 Lines, I insisted, are phenomena in themselves. They are really there, in us and around us. Indeed, there is no escaping them, for in any attempt to flee we only lay another one. (…) Why should theory and metaphor be thought to be the only alternatives for the lines? Why cannot the line be just as real as whatever passes along it, if indeed the two can be distinguished at all? And if the idea that lines can be real is alien our sensibilities, then what was it that tipped me into this strange world of entanglement? (…)“.

„ Lines_ A brief history“ by Tim Ingold, Rutledge 2007

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