Chacha Atallah I Karim Ben Amor I Haythem Zakaria
«The 999 Game»

Janvier 2016 I Avril 2016
La Boîte I Un lieu d’art contemporain

« We are mixed people and this is a free creation ».

Game 999 est une extension de soi. Lorsque vous jouez, vous êtes dans un univers parallèle avec un autre Dieu, en un temps parallèle.

Nous avons travaillé avec l’idée d’un jeu de construction. La première chose que le visiteur verra est quelque chose de grand, avec 999 pièces ovales en contreplaqué et nous les avons assemblés.

Nous travaillons sur les moyens d’impliquer le visiteur dans le jeu. Peut-être que les gens seront capables d’ajouter des pièces de construction.

Nous avons choisi de ne pas ré-utiliser un jeu spécifique à la Tunisie, parce qu’en Tunisie, il y a plusieurs cultures. Nous sommes très différents et avons une culture riche. C’est une création riche. Il y a des jeux français, des jeux italiens, des jeux espagnols, des jeux arabes, des jeux turcs. Tout cela a été mixé plusieurs siècles en arrière.

Aux côtés des pavillons des 5 autres pays de la région MENASA (Emirats Arabes Unis, Koweit, Arabie Saoudite, Pakistan, Jordanie), le pavillon de la Tunisie à la Dubai Design Week (26-31 octobre 2016), fut commissionné par l’architecte et designer, Chacha Atallah, qui a réuni pour cet événement le plasticien Haythem Zakaria et l’architecte et designer Karim Ben Amor.

Le thème : Jouer I le jeu

La thématique de réflexion pour la création du pavillon est tournée autour du jeu.
Le jeu est un acte dans un environnement superficiel qui stimule l’esprit et favorise l’invention. Le jeu est un moment parallèle, une extension de soi dans un univers régi par de nouveaux codes.
Nous avons donc fait le choix de créer notre propre milieu résultant d’un jeu de construction, inspiré des Houses of Cards de Charles et Ray Eames. Ce jeu repose sur
l’assemblage d’un élément 2D en forme d’ovale, une forme de puzzle tridimensionnel. Ce jeu nous permet de multiplier à l’infini les formes possibles avec un simple système d’assemblage. Ainsi, notre milieu subit des mutations constantes uniquement en modifiant le sens de l’assemblage.

Mais il n’est pas seulement question d’assemblage, car la forme ne peut être dénuée de substance.
La substance choisie est un bruit blanc qui a la particularité d’agir comme le prisme optique, en incluant toutes les fréquences audibles, tout ce qui a été (dit) et sera dit. Cette spécificité confère un rôle matriciel, le lieu premier où se forme le verbe à l’image d’un Khôra.

Ce bruit sera perceptible visuellement et spatialement. Chaque module ovale portera la trace de cette fréquence grâce à un procédé de marquage laser (pyrogravure).
Les règles de construction et d’assemblage citées plus haut ne feront que renforcer la construction de cette « rumeur ».

Le tout sera une construction cinétique autant dans la forme que dans la substance. Un ensemble sans cesse en mouvement.

Le corps I La matière : le contre-plaqué

Le choix du contre-plaqué s’inscrit dans un souci de durabilité et de protection de l’environnement. Il est essentiel pour nous de nous inscrire dans une matière recyclable, naturelle et peu consommatrice d’énergie. Le jeu de construction exige également l’utilisation d’une matière légère et résistante.

Toujours dans un souci de durabilité, l’ensemble du jeu de construction est fabriqué à Dubai, pour limiter l’empreinte carbone générée par le transport entre la Tunisie et Dubai.

L’identité I l’appartenance

Chaque jeu peut être identifiable pour lui donner un caractère unique. Cette identité est matérialisée dans chaque élément qui compose le jeu, par l’écriture (Haythem) et par la numérotation. Étant dans une démarche participative, les 1000 pièces qui composent le jeu représentent un « pack d’actions » qui sera mis sur le marché. Ainsi chaque ovale a une valeur qui sera mise à la vente au public pour financer l’œuvre et surtout maintenir la mémoire du jeu après son démontage.

Chacha Atallah, 20 juillet 2015

« Suite à l’invitation de Chacha Atallah à rejoindre le projet “The 999 Game“, j’ai essayé de penser la question de la plasticité de l’installation et son rapport à la dimension architecturale de l’ensemble.

“The 999 Game“ est une installation composée de 999 modules ovales. Chaque pièce possède trois fentes, permettant une multitude de combinaisons et de structures différentes.

Il en résulte un schéma répétitif, aléatoire et rythmique. J’ai essayé d’envelopper cette structure/ ossature d’une substance qui reproduirait le même mécanisme architectural.

La substance choisie est un bruit blanc qui a la particularité d’agir comme le prisme optique, en incluant toutes les fréquences audibles, tout ce qui a été (dit) et sera dit.

Cette spécificité confère un rôle matriciel, le lieu premier où se forme le verbe, à l’image d’un Khôra*.

Ce bruit sera perceptible visuellement et spatialement. Chaque module ovale portera la trace de cette fréquence grâce à un procédé de perforation.  Les règles de construction et d’assemblage citées plus haut ne feront que renforcer la construction de cette « rumeur».

Le tout sera une construction cinétique autant dans la forme que dans la substance. Un ensemble sans cesse en mouvement. »

Haythem Zakaria

 

‘The 999 Game, réalisation à la croisée de la sculpture, du design et de l’installation initialement pensée pour le Pavillon tunisien de la Dubai Design Week 2015 est, nous dit La Boîte, « une installation composée de 999 modules ovales de contreplaqué de 27 par 18 cm. Chacun de ces modules de bois possède trois fentes permettant une multitude de combinaisons et de structures différentes ». Une fois assemblé– étant entendu qu’on peut le combiner de plusieurs millions de manières différentes –, l’ensemble fait l’effet d’un énorme figuier de barbarie et peut se lire comme la figure allégorique du monde compris non comme une représentation finie mais comme une somme d’agencements épisodiques sans fin modifiables. À propos du The 999 Game, Haythem Zakaria précise en deleuzien, dans l’esprit du possible comme énergie fondamentale, qu’il s’agit là d’« un ensemble sans cesse en mouvement.» L’art comme métaphore du « millefeuilles », des « mille plateaux », de l’inévitable complexité mouvante dont est fait le réel, ce tissage de faits dont personne ne contrôle absolument le tramage, le voudrait-on. »

Paul Ardenne

 

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